La semaine dernière, nous avons vu l’architecture du nord-ouest de la Thaïlande… Cette région a plus ou moins influencé toute le reste du pays, mais avec tout de même quelques différences notables selon les régions, le climat et la catégorie sociale de ses habitants.
Le sud bénéficie d’une manne touristique considérable et le niveau de vie est bien différent des régions rurales, à l’est du pays. C’est tout cela que nous allons voir aujourd’hui. Alors, dirigeons-nous plein est, en direction de la frontière cambodgienne.
Les Maison du nord-est
On y trouve une architecture très influencée par le Laos. Le Siam a pris le contrôle de la région au XVIII siècle et depuis s’est développé dans cette région l’établissement d’immigrants laotiens. Aujourd’hui la communauté des Thaïs laotiens est plus développée que les autres ethnies minoritaires telles que les Khmers. Cette région de Thaïlande appelée Isan est fortement influencée par les crises économiques chroniques dues au climat sec, aux terres arides et à une éducation rurale peu développée. Cette région compte plus d’un tiers de la population thaïlandaise et est la plus pauvre du pays.
Toujours bâtis en bois et sur pilotis, avec comme différence majeure une pente de toit plus douce en raison des pluies bien moins fréquentes et aux températures nocturnes plus basses. Les murs sont généralement perpendiculaires et non penchés vers l’intérieur comme dans la région centre, souvent en planches de bois simples et les toits recouverts la plupart du temps de tôles ondulées.
Des maisons simples construites en grappe, débutant avec un bâtiment principal auquel on ajoute un second, avec le développement de la famille.
De manière générale, ces maisons sont beaucoup plus rustiques que leurs cousines du nord-ouest, moins massives et moins carrés.
Une grande proportion de la population thaïlandaise vit encore de la terre. Les granges et autres constructions qui conviennent à la culture du riz servent également de refuge temporaire aux fermiers partis travailler loin du village. Des lieux d’une telle importance que les fermiers consacrent parfois plus d’attention dans la construction et dans l’esthétisme que pour leur propre maison.
Les maisons du sud
La maison la plus caractéristique du sud de la Thaïlande est la maison thaïe musulmane. Ce type d’habitat est surtout présent dans les provinces du sud profond à savoir Pattani, Satun, Yala et Narathiwat ou la population est principalement malaise et musulmane.
On peut résumer de cette architecture 3 particularités toutes liées à la forme des toitures.
Les « Panya » et les « Lima » sont les plus populaires et influencées par la colonisation anglaise ou hollandaise qui s’est étendue de l’Indonésie à la péninsule malaise. Et les « Blanor » dont le toit est galbé.
Les maisons de style malais dont les racines viennent de l’art islamique sont généralement décorées de nombreuses pièces de bois sculptées et de fins panneaux galbés souvent peints avec des couleurs différentes.
Autre particularité, les poteaux des maisons du sud appelés « Teen Sao » sont placés sur le sol et pas enfoncés à l’intérieur. L’intérêt premier est la protection contre les termites, les moisissures durant la saison des pluies et cela permet également d’envisager un éventuel déplacement.
Les maisons sur l’eau
Les thaïlandais de manière générale aiment l’eau. Que ce soit pour les voyages en bateau, la pêche, la baignade et l’eau en générale, la meilleure manière d’en profiter est de vivre directement dessus ou via un ponton.
Très bien adaptée au commerce ou au transport, la maison flottante ou « Ruen Pae » peut être construite comme une maison terrestre, à la différence près que, dans ce cas, le bambou sera utilisé comme matériau principal.
Autre particularité, il n’y a pas de salle de bains, les environs sont utilisés à cet effet.
La plupart du temps un ponton flottant en bois est installé sous la maison de sorte à s’adapter aux inondations et également aux déplacements de la maison.
Il arrive que la maison soit construite en partie sur terre et sur l’eau. Positionnée entièrement sur l’eau, elle est reliée à la terre par une passerelle. Dans tous les cas, l’entrée principale se trouve côté eau et est généralement couverte d’une véranda avec des escaliers menant directement à l’eau.
La bénédiction
Hormis dans les régions sud à majorité musulmane, la construction de sa maison est systématiquement accompagnée d’indispensables rituels religieux.
La spiritualité tient une place très importante dans la vie des thaïlandais malgré les grands changements socio-culturels survenus ces dernières décennies. Même si la part du rituel de construction s’est considérablement réduite, ce rituel s’est cependant conservé et transmis grâce à une solide tradition orale, et de très nombreux traités de divination et d’astrologie. Les buts recherchés dans l’accomplissement des rites sont de s’assurer une destinée heureuse, de connaître une prospérité croissante et de rehausser sa réputation en montrant son respect pour les coutumes ancestrales.
Le choix d’un site approprié à la construction d’une maison est dépendant de différents systèmes de divination. Le type de sol, sa couleur, son odeur. Également en déterminant l’aspect du terrain, en forme de lune, de bateau… Chaque maître de rituel utilisera la méthode qui lui est familière. Certains tiennent compte des hauteurs respectives des différentes orientations par rapport aux points cardinaux, quand d’autres se baseront sur la position des termitières ou encore des plus grands arbres.
La position même de l’habitation, une fois le site trouvé, fait l’objet d’une profonde réflexion. Le maître de rituel s’attache à déterminer, toujours en faisant appel à la divination, l’emplacement propice à l’édification de la maison. Elle ne doit jamais se positionner au centre du terrain, ce qui équivaudrait à la placer « dans le cœur » du terrain considéré comme un être à part entière. Elle ne peut non plus être trop près des limites de la parcelle pour éviter « le délit de voisinage maléfique ». En règle générale, il est bon que la maison se trouve à l’est, au nord-est ou au nord du site.
Une fois l’emplacement déterminé, l’officiant exorcise le site et demande rituellement l’autorisation « d’acheter » le terrain aux génies tutélaires qui en sont propriétaires. Ce rituel, comme beaucoup d’autres, montre bien le syncrétisme religieux auquel font appel les Thaïs, bouddhistes, puisque l’officiant demande le concours d’Indra, de Brahma, de la déesse de la terre, des Nagas, les serpents mythiques, divinités tectoniques, des génies des arbres et de ceux de l’air.
Notre visite de la Thaïlande touche maintenant à sa fin. Notre prochain voyage est également un voyage dans le temps. Une histoire difficile, un patrimoine culturel parmi les plus riches de toute l’Asie du sud-est, je vous propose de visiter, le Cambodge