Les peuples indigènes du Costa Rica, ou les Costariciens indigènes, sont les individus qui vivaient dans ce qui est le Costa Rica d’aujourd’hui, avant le contact européen et africain et les descendants de ces peuples. Environ 114 000 autochtones vivent dans le pays, soit 2,4% de la population totale. Les Costariciens autochtones s’efforcent de préserver leurs traditions culturelles et leur langue.
En 1977, le gouvernement a adopté la loi sur les populations autochtones et a créé des réserves pour leur sauvegarde. Il existe au total 24 territoires autochtones répartis sur tout le Costa Rica. Après avoir obtenu le droit de vote en 1994, ils se battent toujours pour leurs droits, notamment en ce qui concerne la prise de contrôle de leurs terres par le gouvernement et le non-respect des articles qui les protègent. Alors que les peuples autochtones luttent pour que leurs droits soient reconnus légalement, le Costa Rica a signé la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones en 2007.
Les Costariciens autochtones appartiennent à huit grands groupes ethniques.
Tout d’abord, un peu d’histoire.
Christophe Colomb est arrivé au Costa Rica en 1502 lors de son dernier voyage en Amérique. Le Costa Rica a reçu son nom de Gil Gonzalez Davila quand il est arrivé sur ce territoire, pensant avoir trouvé ici la plus grande quantité d’or qu’il n’ait jamais vue ; le nommant ainsi, la « Côte Riche ». Pour les Espagnols, les indigènes semblaient ici moins organisés que les autres groupes autochtones qu’ils avaient découverts, principalement parce qu’ils vivaient dans des groupes séparés plutôt que dans un grand groupe. Au cours de la colonisation, le Costa Rica était très pauvre, principalement parce qu’il était isolé de la majorité de l’empire espagnol. Ses peuples autochtones ont vécu au Costa Rica sur une période qui s’étale sur au moins 10 000 ans avant cela. Les colonies qui ont été créées à l’origine ont majoritairement échoué en raison des maladies et de la non-adaptation aux forêts tropicales humides. Le Costa Rica n’est devenu une province Espagnole que dans les années 1560, année de la création d’une communauté utilisant le sol volcanique à des fins agricoles. À l’arrivée de Columbus, il y avait environ 20 000 habitants du Costa Rica, mais ce nombre a fortement diminué. Cela était principalement dû à des maladies, en particulier à la variole, ainsi qu’au fait que de nombreux peuples autochtones étaient obligés de travailler et que toutes les tentatives d’évasion conduisaient systématiquement à la mort.
Groupes Ethniques
Les Borucas du sud du Costa Rica
Environ 2 660 personnes appartiennent à la tribu Boruca. Ils vivent dans la région Puntaneras, dans l’une des premières réserves dédiée aux autochtones du Costa Rica. Ils sont populaires pour leur artisanat, en particulier les masques de la « Fiesta de los Diablos », un festival de trois jours qui met en scène des combats entre les Indiens Boruca (décrits comme des diables) et les conquistadors espagnols (représentés par des taureaux).
Les Bribri de la côte Atlantique
Les Bribri sont une tribu autochtone qui vit à Salitre, Cabagra, Talmanca Bribri et Kekoldi.
La fourchette de population s’étend de 11 000 à 35 000 personnes. Les Bribri ont une structure sociale spécifique organisée en clans. Chaque clan est composé d’une famille élargie. Les femmes ont un statut plus élevé dans cette société. Les femmes de la société Bribri sont les seules à pouvoir hériter de la terre et à préparer la boisson sacrée au cacao utilisée lors des rituels. Les rôles des hommes sont définis par leur clan et sont souvent exclusifs aux hommes. Tout comme il est important pour de nombreux autres groupes autochtones du Costa Rica, le cacao a une signification particulière pour les Bribri. Ils croient que le cacaoyer était une femme et que le dieu Sibú l’a transformée en arbre. D’où l’importance du statut de la femme dans cette société.
Les Cabécar de la cordillère de Talamanca
Les Cabécarsont le groupe autochtone le plus important au Costa Rica et sont aussi considérés comme les plus isolés. Ils ont été poussés dans les montagnes de Chirripo, ce qui nécessite quelques heures de marche pour les atteindre. Par conséquent, les Cabécar n’ont pas été sujets à de nombreuses « attentions » et peu d’entre eux ont été exposés à l’éducation. Ils sont donc très traditionnels et ont préservé leur culture. Ils parlent principalement leur propre langue plutôt que l’espagnol.
Les Huetar, Quitirrisi des régions centrales
Les Quitirrisi sont situés à Ciudad Colon et à Puriscal, dans la vallée centrale. Ils sont connus pour leur artisanat, des paniers tissés à la main et les chapeaux de paille.
Les Maleku du Nord d’Alajuela
Les Maleku sont un groupe autochtone d’environ 600 personnes situé dans la réserve autochtone de San Rafael de Guatuso. Avant la colonisation espagnole, leur territoire s’étendait jusqu’à Rincon de la Vieja, à l’ouest, et comprenait le volcan Arenal au sud et le Rio Celeste, étant des sites sacrés. Aujourd’hui, leur réserve est située à environ une heure au nord de La Fortuna. Bien que leurs terres étaient beaucoup plus vastes avant la colonisation, ils travaillent maintenant à racheter leurs propres terres au gouvernement. Leur économie est basée sur l’art autochtone et de nombreux touristes sont invités à les regarder jouer des pièces musicales dans les environs de La Fortuna. Cette réserve est en grand danger et les Maleku ne vivent plus dans leurs maisons traditionnelles, car les arbres sont également menacés. Ils se battent pour protéger leur langue, on ne parle aujourd’hui que d’un nombre de 300 personnes environ.
Les Matambu, Chorotega de Guanacaste
Les Matambú, également connus sous le nom de Chorotega, sont situés à Guanacate. Les Chorotegas sont traduits par « Le peuple qui fuit », alors qu’ils fuient au Costa Rica en l’an 500 pour fuir l’esclavage dans le sud du Mexique, en particulier être liée aux Mayas. Certaines parties de leur culture mexicaine sont évidentes en ce qui concerne leur langue et leurs rituels, y compris les sacrifices humains. Ils sont connus pour être le groupe de peuples le plus puissant lors de la conquête des Espagnols, car ils étaient un groupe militaire organisé et combattaient les Espagnols. Il est prouvé qu’ils étaient une démocratie et élus Caciques, prêtres et leaders, et qu’ils étaient également un groupe hiérarchique. Ils sont connus pour leur agriculture, produisant principalement du maïs et aujourd’hui pour leurs céramiques/poteries.
Les Terraba ou Teribe, également appelé Naso dans le sud du Costa Rica
Il reste aujourd’hui environ 3 305 individus Térraba. En 2007, le taux de pauvreté régional était de 19,3% et d’environ 3,3% pour l’ensemble du pays. Un taux extrêmement élevé, dû au défrichement de leurs terres forestières au fil des ans, utilisées pour leur agriculture et leur économie prédominante. Ils n’ont pas autant préservé leur langue que les autres ethnies et seuls les aînés la parlent, mais un autre groupe plus large de Teribe au Panama utilise encore cette langue et les deux groupes sont en contact. Bien qu’un groupe plus important de la tribu vivant au Panama utilise encore la langue et qu’il y ait des échanges entre ces deux groupes.
Éducation
Un conflit touche les enseignants autochtones, et les étudiants ne bénéficient pas des mêmes chances que les peuples non autochtones. Il y a eu deux cas à Boruca et Teribe : des enseignants autochtones qualifiés n’ont pas trouvé de travail dans les écoles locales. Il y a aussi le fait que les écoles fréquentées par les autochtones ne sont pas correctement financées et que les élèves ne disposent pas des mêmes ressources pour apprendre. En ce qui concerne les universités, les autochtones se battent pour obtenir des qualifications afin de pouvoir occuper des emplois mieux rémunérés.
Problèmes fonciers
Sur les 50 900 km² de terres que possède le Costa Rica, 3 344 ou 5,9% des terres sont considérées comme des territoires autochtones. Les principaux problèmes auxquels sont confrontés les groupes autochtones du Costa Rica aujourd’hui concernent principalement la terre. Les agriculteurs et les éleveurs ne sont pas responsables de leurs propres terres, car ils sont considérés comme étant dans une réserve, ou leurs terres sont en danger en raison de travaux miniers et pétroliers.
Les peuples autochtones se sont opposés au projet hydroélectrique d’El Diquis qui menace d’inonder certaines des terres et affectera de nombreux autres groupes. Il touchera sept des territoires autochtones (notamment Bribi, Cabecar, Teribe et Brunka). Ce sera le plus grand barrage hydroélectrique d’Amérique centrale et traversera près de 200 sites historiques et lieux sacrés.
Les soins de santé
Les peuples autochtones du Costa Rica ne reçoivent souvent pas de services de santé adéquats en raison d’un manque d’accès : ils sont situés sur des terrains difficiles, en particulier dans les montagnes. Environ 26% seulement de la population autochtone a accès à une eau salubre. Par conséquent, les peuples autochtones ont tendance à recourir aux pratiques médicinales traditionnelles. Des groupes comme la CONAI (Commission nationale des affaires autochtones), qui travaillent pour améliorer la situation socio-économique des peuples autochtones, ont tenté d’intégrer les deux sans succès, ce qui a entraîné une partialité et une faible reconnaissance des méthodes traditionnelles autochtones. Certaines zones ont construit des cliniques, mais les médecins ne sont disponibles que deux jours par semaine.
L’Architecture
Dans cet article, ainsi que dans les précédents, je me suis volontairement attardé sur les peuples indigènes. Sans rentrer dans des études anthropologiques, il me semble important de mettre en avant ceux que je considère être les vrais « maîtres des lieux », sans m’attarder sur les colonies plus ou moins contemporaines.
L’habitat vernaculaire de ces peuples autochtones étant principalement commun à celui développé dans les articles précédents sur les autres pays d’Amérique du sud et centrale, et pour ne pas dévier du sujet initial qui est l’Habitat autour du monde, voici tout de même un survol de l’architecture actuel au Costa Rica, même si à l’inverse des autres pays alentour, elle ne constitue pas un attrait majeur pour le pays.
Contrairement à beaucoup d’autres pays d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud, le Costa Rica n’est pas réputé pour son architecture. Les ruines précolombiennes élaborées que l’on voit au Honduras et au Mexique sont absentes et le pays ne se vante pas non plus des villes coloniales magnifiquement préservées qui attirent les visiteurs au Nicaragua et au Guatemala par exemple. Cela étant dit, il existe quelques exceptions et il nous suffira peut-être de creuser un peu plus pour découvrir l’héritage de l’architecture du Costa Rica.
Architecture précolombienne du Costa Rica
Guayabo est un site archéologique précolombien remarquable situé sur le versant sud du volcan Turrialba. Il a été occupé entre 1000 avant JC et 1400 après JC, avant d’être mystérieusement abandonné et il reste peu de documents qui en détaillent l’histoire.
Guayabo aurait servi de centre culturel, politique et religieux important, avec ses rues pavées de pierre, ses aqueducs, ses sculptures et dessins animaliers, ainsi que ses plates-formes arrondies sur lesquelles des structures en bois ont été construites. Alors que des reliques de la ville ont été exposées à la fin du XIXe siècle lors des expositions Historical American de Madrid et World’s Columbian à Chicago, seules de petites zones de la ville ont été découvertes et étudiées à ce jour.
Architecture costaricienne de l’époque coloniale
Alors que le Costa Rica « manque » de villes coloniales espagnoles bien préservées que l’on retrouve dans d’autres pays d’Amérique latine, il existe des bâtiments remarquables dans l’ancienne capitale de Cartago, située juste à l’extérieur de la capitale actuelle, San Jose.
Cartago a été fondée en 1563 par Juan Vasquez de Coronado, c’est l’une des plus anciennes communautés du pays, bien qu’elle ait été presque complètement détruite par l’éruption du volcan Irazu en 1723. Les ruines de Parroquia sont l’un des plus grands attraits architecturaux de Cartago, avec une série d’églises construites ici et toutes détruites ou arrêtées à la suite à la mi-construction par des tremblements de terre. Le folklore local raconte qu’il a été construit par un prêtre en pénitence pour avoir tué son frère, les tremblements de terre l’ayant détruit en tant que symbole maudit. Il est maintenant classé au patrimoine culturel du Costa Rica, avec le fantôme sans tête du prêtre censé errer ici la nuit.
La basilique Notre-Dame de Los Angeles
C’est une église catholique construite dans le style byzantin classique. Cette architecture complexe date de 1639, bien qu’elle ait été récemment restaurée par l’architecte Lluis Llach Llagostera en 1912 à la suite d’une série de tremblements de terre. Elle abrite une petite statuette en pierre de la Vierge Marie portant l’enfant Jésus et des millions de pèlerins effectuent le pèlerinage de 22 km de long, qui se tient ici chaque mois d’août (beaucoup à genoux) et venant de tout le Costa Rica.
San Jose abrite également un certain nombre de points de repère architecturaux situés au cœur de l’étendue moderne de cette capitale animée. Le Barrio Amón a émergé à la fin du 19ème siècle comme l’un des quartiers les plus riches de la ville, c’est un endroit idéal pour flâner. Beaucoup de ses élégantes demeures datant de l’ère coloniale ont été restaurées avec amour et abritent aujourd’hui des galeries d’art, des restaurants et des hôtels de charme.
Il convient également de noter les théâtres Variedades et Teatro Nacional, qui ont ouvert leurs portes à la fin du XIXe siècle. Le Teatro Variedades a présenté les premières projections de films au Costa Rica en 1904, c’est le plus ancien théâtre de la capitale. Construit dans un style néoclassique par l’architecte espagnol Francisco Gómez, il présente sur sa façade des éléments décoratifs baroques, notamment des colonnes doriques et des images de dragons. Le bâtiment Maroy et la maison Jiménez de la Guardia sont situés dans la même rue que le Teatro Variedades et présentent un style architectural similaire.
La conception de l’époque coloniale de San José comprend de nombreux parcs et espaces publics, dont le Parque de Morazán, situé sur une lagune autrefois utilisée comme source de boue pour la construction de maisons en adobe. Il porte le nom du général Francisco Morazán et comprend une statue du leader de l’indépendance sud-américaine, Simon Bolivar, ainsi qu’un temple de la musique inspiré du Temple de l’amour de Versailles.
Le Costa Rica et l’Écotourisme
Le Costa Rica a fermement affirmé sa place de leader mondial de l’Écotourisme et la prolifération d’écolodges dans tout le pays indique une évolution vers une architecture durable et verte. Des matériaux naturels et d’origine locale sont exploités, ainsi que des sources d’énergie solaire et géothermique.
Les structures sont conçues pour avoir un impact minimal sur l’environnement et minimiser les besoins en chauffage et en refroidissement à forte intensité énergétique. Les bâtiments optimisent la ventilation et protègent du climat généralement humide du Costa Rica, tout en profitant de la vue sur la forêt tropicale humide, des brises de mer, et du son naturel des chants d’oiseaux.