L’architecture est toujours l’expression d’un moment historique dans lequel gravitent les éléments politiques, sociaux, culturels et économiques. L’architecture de l’Argentine a suivi ces mêmes tendances, influences et politiques de l’époque.
L’habitat pré-hispanique
A l’arrivée des Espagnols (période pré-hispanique), le peuplement de l’actuel territoire argentin est très dispersé entre les différentes ethnies et tribus. Ces sociétés se caractérisent par une somme d’unités indépendantes et l’absence de tracés urbains du fait de leur nomadisme et des installations précaires.
A quelques exceptions, puisque l’on trouve des traces de village organisés selon des systèmes plus ou moins complexes (absence de rues) qui déterminent une certaine organisation sociale, notamment dans le nord-ouest argentin dans les cas des vestiges de Tastil, Quilmès, Tafi del Valle, Tilcara et les Pucaras qui s’élevaient le long chemin de l’Inca.
Période coloniale espagnole
Avec l’arrivée des Espagnols depuis le Chili (Cuyo), la Bolivie et le Pérou (Alto Peru), le Paraguay (Asuncion) et la fondation de la ville de Trinidad, port de Buenos Aires sur les rives du Rio de la Plata en 1580, naissent les villes, les villages selon des principes d’organisation espagnols dictés par la Leyes de las Indias. L’occupation du territoire pendant la période de fondation et de peuplement vient occuper un espace vide ou se substituer à l’existant.
Au cours de la période espagnole, des constructeurs ont opté pour deux variables :
- L’architecture d’inspiration espagnole, liée à l’origine des conquistadores (sud et centre-ouest de la péninsule ibérique) qui a prévalu dans le nord-ouest et à Buenos Aires.
- L’autre variante a été un processus de fusion qui a incorporé les matériaux, techniques et solutions autochtones et a eu sa zone d’expansion dans les provinces actuelles de Jujuy, Catamarca et sur le littoral du fleuve Parana et s’est maintenu en vigueur pendant toute la période.
L’architecture a été significative dans le domaine religieux et plus modestement dans les affaires civiles, où elle était liée aux institutions gouvernementales, éducatives et sociales. La Couronne espagnole a imposé ses règles et formes propres à la structure d’Amérique latine, mais elles n’ont pas toujours été respectées. C’est pourquoi on observe une série de formes qui sont la marque personnelle de l’homme qui a adapté les modèles en fonction de ses besoins et ses traditions.
Durant les premiers siècles il y avait un manque de professionnels et la plupart des chantiers ont été réalisés par des maîtres d’œuvre dont la formation était complètement pragmatique. Mais c’est avec les jésuites et quelques ingénieurs militaires que l’architecture argentine ouvre un chapitre dans l’histoire de l’art. Les villes s’organisent autour d’une place qui en plus d’être l’espace de la participation populaire, elles concentrent les représentations institutionnelles des deux axes de base du monde hispanique : l’Eglise et la Couronne. Puis se place le Conseil (Cabildo) et s’organise la distribution des habitations des résidents de premier plan. Les villes sont dessinées suivant un tracé en damier.
Dans les missions jésuites, où il y avait une synthèse entre le caractère espagnol et métisse (meztiza), il y avait une plus grande homogénéité urbaine.
Arrivée des Bourbons sur le trône d’Espagne
A partir du XVIIIe siècle avec l’arrivée des Bourbons (Carlos III en 1759), une plus grande centralisation a abouti à l’utilisation massive de la brique (à Buenos Aires il y avait 60 fours) et de la tuile.
La réglementation de la construction a été de doter la ville de certaines caractéristiques formelles. Les maisons par exemple, dans les siècles précédents étaient simples mais confortables (trois cours – ou patios – autour desquelles se distribuaient les différentes pièces, le jardin, toilettes, cuisine et service à domicile : il y vivait au moins 15 personnes) et commencent à être équipés d’articles de luxe, pianos, des meubles qui venaient du Brésil, horloge venant d’Europe, visant à accroître le confort. La maison n’est plus seulement un refuge de familiarité et d’intimité, elle devient un lieu social. Il y a des jours convenus pour les réceptions et pour organiser des réunions et des rassemblements.
Il surgit une nouvelle sociabilité, le Paseo de la Alameda (une promenade le long du Rio de la Plata construit vers 1780) et les bains publics, et le goût pour le théâtre et les corridas.
C’est le temps des grands constructeurs : Antonio Masella, Andrés Blanqui, JuanPremoli Bautista, John Krauss, John Wolf, Philippe Lemer qui lèguent à Buenos Aires les plus belles églises : San Ignacio, l’église des Jésuites à Cordoba, Pilar, Santo Domingo, San Francisco.
Les constructions dédiées aux loisirs et l’échange indiquent une certaine variation dans les coutumes et une plus grande ouverture à une culture plus informelle et moins réglée par les pratiques religieuses. Il y a des efforts considérables pour étendre le contrôle des environs et les limites de l’occupation coloniale à travers des fortins (tour de guets entouré de palissades) et le développement des établissements ruraux.
La Patagonie en Argentine a d’autres merveilles architecturales très intéressantes à visiter. Plus particulièrement, à Bariloche et à proximité de San Martín de los Andes. Ces villes se caractérisent par leur architecture allemande et autrichienne de la fin du XIXe siècle. Les maisons traditionnelles sont charmantes avec des murs de lattes en bois et des toits rouges lumineux.