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L’Habitat ailleurs: L’architecture écossaise de l’ère préhistorique à la Restauration anglaise

L’Écosse se distingue par la richesse de son patrimoine architectural, dominé depuis les temps les plus reculés par des bâtiments monumentaux en pierre. Tombeaux et maisons préhistoriques, églises paléochrétiennes, romanes et gothiques, ainsi que les châteaux médiévaux et les palais de la Renaissance, ont été suivis à partir du XVIIe siècle sous l’impulsion d’une richesse et d’un pouvoir en plein essor, par des bâtiments reflétant une gamme éblouissante de mouvements stylistiques. 

Ère préhistorique

Des groupes de colons ont construit les premières maisons permanentes connues sur ce qui est maintenant le sol écossais, il y a environ 9500 ans. Et les premiers villages ont vu le jour il y a environ 6000 ans. La construction en pierre de Knap of Howar à Papa Westray, est l’une des plus anciennes maisons survivantes du nord-ouest de l’Europe.

Skara Brae, dans les Orcades, date également de cette période, c’est le village néolithique le plus complet d’Europe. Les sites d’habitations, de sépultures et de rituels néolithiques sont particulièrement courants et bien préservés dans les îles du Nord et de l’Ouest, où l‘absence d’arbres a conduit à la construction de la plupart des structures avec de la pierre locale. 

Du début et l’âge de bronze moyen, il existe des preuves de l’occupation de crannogs, des rotondes partiellement ou entièrement construites sur une île artificielle, habituellement sur les lacs, les rivières et les eaux estuariennes. Les peuples du début de l’âge de fer, en particulier dans le nord et l’ouest du pays, vivaient dans d’importants bâtiments en pierre appelés maisons rondes de l’Atlantique. 

Les vestiges de centaines de ces maisons existent dans tout le pays, certaines simplement à l’état de tas de gravats, alors que d’autres ont gardé leurs impressionnantes tours et leurs dépendances. Elles datent d’environ 800 avant JC à 300 après JC, les structures les plus imposantes ayant été créées vers 200–100 avant JC. 

Au sud et à l’est, de plus grandes forteresses ont survécu. On a trouvé en Ecosse les preuves de l’existence de plus de 1 000 forteresses datant de l’âge de fer, la plupart situées en dessous de la ligne Clyde-Forth. Elles semblent avoir été abandonnées à l’époque romaine, mais certaines semblent avoir été occupées de nouveau après leur départ.

Constructions romaines et post-romaines

Les Romains ont débutés leurs expéditions militaires, dans ce qui est aujourd’hui l’Écosse, à partir de 71 après JC environ. À l’été 78 de notre ère, Gnaeus Julius Agricola arriva en Grande-Bretagne pour occuper le poste de nouveau gouverneur, et entreprit une série d’expéditions en Écosse. Deux ans plus tard, ses légions construisirent un fort à Trimontium près de Melrose. On dit qu’il a emmené ses armées jusqu’à l’estuaire de la « rivière Taus » (généralement supposée être la rivière Tay) et y a établi des forteresses, y compris un fort légionnaire à Inchtuthil. 

Les successeurs d’Agricola étaient incapables ou refusaient de soumettre davantage l’extrême nord. La forteresse d’Inchtuthil a été démantelée avant son achèvement et les autres fortifications de la crête de Gask ont ​​été abandonnées en l’espace de quelques années. 

En 87 après JC, l’occupation était limitée aux hautes terres du sud, et à la fin du premier siècle, la limite nord de l’expansion romaine était une ligne tracée entre le Tyne et le Solway Firth. Le fort d’Elginhaugh, dans le Midlothian, date à peu près à cette période, comme le Château Greg dans West Lothian. 

Les Romains se sont finalement retirés dans ce qui est maintenant le nord de l’Angleterre, construisant la fortification connue sous le nom de mur d’Hadrien.

Moyen Âge

L’architecture vernaculaire médiévale faisait usage des matériaux et des styles locaux. Comme en Angleterre, la construction de crucks était utilisée, employant des paires de poutres courbés pour soutenir le toit. Dans les zones rurales, le gazon était largement utilisé pour combler les murs, parfois sur une base en pierre, mais ils ne duraient pas longtemps et devaient être reconstruits quasiment  tous les deux ou trois ans. 

Dans certaines régions, y compris le sud-ouest et autour de Dundee, les murs en argile étaient priorisés, ou des combinaisons d’argile et de gazon, enduis de chaux pour les rendre résistants aux intempéries. En l’absence de bois de charpente, le matériau de construction le plus courant était la pierre, utilisée à la fois dans la construction avec mortier, et la pierre sèche. Différentes régions utilisaient de la bruyère, de la paille, du gazon ou des roseaux pour la toiture. 

L’introduction du christianisme en Écosse depuis l’Irlande, à partir du VIe siècle, a conduit à la construction d’églises basiques. L’architecture d’église paroissiale médiévale en Ecosse était beaucoup moins élaborée qu’en Angleterre. Dans les Highlands, elles étaient souvent encore plus simples, nombreuses construites en moellons, et parfois impossibles à distinguer de l’extérieur des maisons ou des bâtiments de ferme. Cependant, à partir du huitième siècle, des bâtiments plus sophistiqués, tels que la cathédrale Brechin ou l’église de St Règle, ont émergé.

Après le onzième siècle, à mesure que les techniques de maçonnerie progressaient, les blocs de pierres de taille sont devenus plus rectangulaires, ce qui a entraîné des murs structurellement plus stables, qui pourraient incorporer des moulures et des détails architecturaux plus raffinés, que l’on peut voir dans l’encorbellement, le contrefort, les linteaux et les arches. 

Il y avait aussi des influences croissantes des conceptions anglaises et européennes continentales, telles que le motif roman en chevron détaillant les piliers de la nef de l’abbaye de Dunfermline, qui étaient calqués sur les détails de la cathédrale de Durham du XIIIe siècle.

Au quinzième siècle, les constructeurs continentaux sont arrivés en Écosse. Le maître-maçon français John Morrow a été employé à la construction de la cathédrale de Glasgow et à la reconstruction de l’abbaye de Melrose. Toutes deux considérées comme de magnifiques exemples d’architecture gothique. 

Après les guerres d’indépendance, de nouveaux châteaux ont vu le jour pour abriter les troupes rescapées. Tantallon, Lothian et Doune près de Stirling en sont de parfaits exemples. Le plus grand nombre de fortifications médiévales tardives construites par les nobles, environ 800,  étaient de conception maison-tour (tower house). Les versions plus petites des maisons-tour dans le sud de l’Ecosse étaient connues sous le nom de peel tower

Les défenses des maisons-tours visaient principalement à fournir une protection contre les petits raids, et n’étaient pas destinées à s’opposer à un assaut militaire organisé, on les qualifiait de « défendables, plutôt que défensives ». C’étaient des grands bâtiments carrés en pierre. Souvent également entourés d’un barmkin ou d’un bawn, une cour fortifiée conçue pour contenir les animaux de valeur en toute sécurité, mais pas nécessairement destinée à une défense « sérieuse ». Ils étaient intensivement construits des deux côtés de la frontière avec l’Angleterre, et la déchéance de James IV de la seigneurie des îles en 1494, a conduit à une explosion immédiate de la construction de châteaux à travers la région. 

L’armement à poudre à canon a fondamentalement modifié la nature de l’architecture des châteaux. Les châteaux existants étaient adaptés pour permettre l’utilisation d’armes à poudre à canon. Ravenscraig, est probablement le premier château des îles britanniques à avoir été construit en tant que fort d’artillerie. Incorporant des bastions en « D », résistant mieux aux tirs de canons, et sur lesquels de l’artillerie lourde pouvait être installée. 

Début moderne

L’impact de la Renaissance sur l’architecture écossaise s’est produit  en deux phases distinctes. Premièrement, à partir du début du XVe siècle, avec l’utilisation sélective des formes romanes dans l’architecture des églises, suivie d’une deuxième phase de construction de palais Renaissance plus directement influencée, dès la fin du XVe siècle. 

La ré-adoption du bâtiment d’église comportant des arcs et des piliers ronds, contrairement au style gothique perpendiculaire dominant en Angleterre à la fin de l’ère médiévale, peut avoir été influencée par des contacts étroits avec Rome et les Pays-Bas. Environ quarante églises collégiales ont été bâties en Ecosse à la fin du quinzième et au début du seizième siècles. Beaucoup, comme le Trinity College à Édimbourg, ont mis en évidence une combinaison de styles gothique et Renaissance. 

La reconstruction des palais royaux a probablement commencé sous Jacques III, accélérée sous Jacques IV, atteignant son apogée sous James V. Ces œuvres ont été considérées comme reflétant directement l’influence des styles de la Renaissance. 

Linlithgow a été construit pour la première fois sous Jacques Ier, sous la direction du maître d’œuvre John de Waltoun, et a été appelé palais, apparemment la première utilisation de ce terme dans le pays.

Réforme

À partir de 1560 environ, la Réforme a révolutionné l’architecture des églises en Écosse. Les calvinistes ont rejeté l’ornementation dans les lieux de culte, sans avoir besoin de bâtiments élaborés divisés par des rituels, ce qui a entraîné la destruction généralisée du mobilier, des ornements et de la décoration des églises médiévales. Il y avait un besoin de construire de nouvelles églises adaptées aux services réformés, en mettant particulièrement la chaire et la prédication au centre du culte. 

Beaucoup de ces premiers bâtiments étaient de simples rectangles à pignons, un style qui a perduré au XVIIe siècle, comme au château de Dunnottar dans les années 1580, Greenock (1591) et Durness (1619), mais souvent avec des fenêtres  uniquement placées sur le mur sud (et aucune au nord), ce qui est devenu une caractéristique unique des kirks de la Réforme. 

L’église de Greyfriars, à Édimbourg , construite entre 1602 et 1620, est basée sur une disposition rectangulaire, d’un style en grande partie gothique, mais celle à Dirleton(1612), était d’un style classique plus sophistiqué. Une variante de l’église rectangulaire qui s’est développée dans l’Écosse post-Réforme était le plan en forme de «T», souvent utilisé lors de l’adaptation des églises existantes, ce qui permettait au nombre maximum de paroissiens d’être près de la chaire.

Le style unique de la grande maison privée Ecossaise, plus tard connue sous le nom de baronnial écossais, a débuté dans les années 1560. Il a conservé de nombreuses caractéristiques des châteaux médiévaux fortifiés, rendus obsolètes par les armes à poudre. Les maçons français amenés en Écosse pour travailler sur des palais royaux auraient également influencés le style.

Restauration anglaise

Après la Restauration anglaise de 1660, la construction à grande échelle a recommencé, incorporant souvent des idées plus complètes de renaissance du classicisme. Sir William Bruce, considéré comme « le fondateur de l’architecture classique en Ecosse », était un personnage clé dans l’introduction du style palladien en Ecosse, suivant les principes de l’architecte vénitien Andrea Palladio. 

Les idées de Palladio étaient fortement basées sur la symétrie, la perspective et le style des temples grecs et Romains de l’Antiquité. Bruce a popularisé un style de maison de campagne parmi la noblesse, encourageant une architecture plus continentale et axée sur les loisirs. 

Il a construit et remodelé des maisons de campagne, y compris le château de Thirlestane et la maison de Prestonfield. Parmi ses travaux les plus significatifs, il y avait son propre manoir palladien à Kinross, construit sur le domaine de Loch Leven.  En tant qu’arpenteur et surveillant des travaux royaux, il entreprit la reconstruction du palais de Holyroodhouse dans les années 1670, ce qui donna au palais son aspect actuel. 

Auteur de l’article : Mickael Cantello

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