La population du Laos est composée de 68 ethnies classées en 3 grands groupes principaux. Les Lao Loum, ou Laos des plaines, les Lao Theung ou Laos des plateaux et les Lao Sung ou Laos des sommets.
Chacune de ces grandes familles se subdivise en de nombreuses sous-catégories dont les origines sont très variées. Arrivées du Tibet, de Birmanie ou encore de Chine, toutes ces tribus ont amené leur lot de particularités tant au niveau culturel qu’architectural.
La maison traditionnelle Lao : Aspect général
Bien que l’on trouve quelques exceptions, la maison traditionnelle Lao est le plus souvent élevée avec des pilotis avec une ossature de bois et des remplissages non-porteurs.
L’ossature se compose de poteaux, points d’appui isolés, reliés entre eux par des pièces horizontales et poutres au niveau du plancher.
Au-dessus, le comble est constitué par des arbalétriers qui surmontent la panne faîtière et les autres pannes. Vue de profil, cette ossature se présente toujours ainsi.
La portée ou la largeur de l’espace compris entre les deux poteaux, est limitée par la longueur de l’entrait, qui est presque toujours en bois équarri et qui a une section relativement importante.
Chez d’autres ethnies, comme chez les Hmongs ou chez les Mien, montagnards qui vivent sur le sol, ou comme chez les minorités sud Laos qui ont des maisons sur pilotis, on augmente la portée en posant la panne faîtière sur une rangée centrale de poteaux.
Les entraits, qui ne supportent plus le poids de la toiture par l’intermédiaire des arbalétriers, peuvent avoir une section inférieure et être plus longs ; ils ne jouent plus que le rôle de tirant entre les poteaux extérieurs, ils sont parfois même supprimés.
Les matériaux
Ici le bambou est également très employé pour ses propriétés en termes de solidité et de flexibilité, mais aussi pour son côté pratique. Un seul homme peut facilement découper et transporter de grandes quantités de bambou, ce qui est loin d’être évident avec le bois.
Si le bambou bénéficie de multiples qualités, il se cantonne dans un champ purement matérialiste, technologique ou simplement fonctionnel, à la différence du bois qui impose de s’aventurer dans le monde des esprits.
Le bambou se contente de moyens simples d’acquisition, de transport, de travail et de mise en œuvre. Le matériau est éphémère, changeant, pourrissable et se rattache au seul temps présent, au quotidien.
Sa fonction sociale est une fonction de passage, d’attente, attachée aux habitations temporaires.
La fonction symbolique du bois
Le bois rappelle au Lao la présence des esprits. Respectés, vénérés, humanisés par le dialogue, et craints. Là encore de nombreuses croyances sont associées aux arbres. Cette relation particulière entre les hommes et les arbres ne saurait être laissée à l’initiative individuelle, elle est réglementée, codifiée, elle est l’occasion de rites et d’offrandes.
Il existe un livre des destinées qui précisera les jours où il est possible d’aller abattre des arbres et lesquels. Alors que l’arbre sur pied est l’habitation des esprits de la forêt, l’arbre coupé peut devenir l’habitation des génies tutélaires des villes et villages, ou des esprits protecteurs de la maison.
La fonction sociale du bois est donc très importante. La fortune d’une famille et sa propre force de travail se manifesteront par la qualité et la section des poteaux, la qualité de bois mis en œuvre et la qualité du travail du matériau.
Depuis longtemps déjà, à côté du bois, du bambou et de l’herbe à paillotes, d’autres matériaux étaient utilisés. Certains sont encore d’origine végétale, d’autres sont d’origine minérale, les derniers, enfin, sont obtenus par combinaison des uns et des autres, auxquels on pouvait parfois ajouter des éléments d’origine animale.
